Les colonnes du Palais Royal, le Ministère de la Culture, la Villa Borghese, le métro de Mulhouse, le Musée Guggenheim de Bilbao… Buren est à l’art contemporain ce que serait un évêque pour l'Église. Depuis plusieurs décennies, il est le roi incontesté de l’oeuvre in situ ; il s’approprie nombre d’espaces culturels et publics pour y poser sa signature, qu’elle soit rayée de blanc et de noir ou qu’elle explose de couleurs.

En 2016, deux années après son ouverture, Franck Gehry demande à Daniel Buren d’intervenir sur son bâtiment, la Fondation Louis Vuitton. Situé au Jardin d’acclimatation, le bâtiment pensé par l’architecte trône de ses douze voiles brillantes entre la végétation du bois de Boulogne. Les hommes se connaissent, ils ont déjà travaillé ensemble sur le Gugenheim Museum de Bilbao. Gerhy imagine des drapeaux flottant entre ses valons de verres, Buren lui, veut rendre hommage à la complexité de l’armature pensée par son homologue. Après avoir rempli la verrière du Grand Palais d’une myriade de parasols (Monumenta 2012) il recouvre les voiles de la Fondation ; encore une oeuvre haute en couleurs !

Toute l’oeuvre se joue des transparences et de l’architecture concue par Gerhy, s’amusant elle-même des pleins et des vides. De l’intérieur à l’extérieur, de multiples projections colorées se font tout naturellement, et les contrastes lumineux se mettent à peindre les sols, le mobilier, les visiteurs… L’oeuvre devient intégrale, sans frontière dimensionnelle, de jour comme de nuit. Un “Observatoire de la lumière” à admirer par tous.