Dans le monde poétique et magique de Delphine et Marinette, les animaux parlent. Ils content leur vie, se lient d’amitié et interagissent avec les humains. Parfaitement campés par la troupe du Français, ils nous entraînent dans leur trépidante aventure où générosité et tolérance ne sont pas de vains mots. Ainsi, après Le Loup, l’an passé, Véronique Vella réveille, avec malice et infinie ingéniosité, Le cerf et le chien, un autre opus des Contes du chat perché de Marcel Aymé. Une fantaisie touchante et humaine à découvrir en famille à l’occasion des fêtes de fin d’année.

A proximité d’un bois sombre et touffu, perdue au milieu des champs, se trouve une petite ferme paisible. De la petite maison en bois, rappelant les chalets de montagne, un couple à la mine sévère (fantastique Cécile Brune, épatant Alain Lenglet) sort sans faire de bruit. C’est le point du jour, il est l’heure d’aller au marché le plus proche pour acheter un compagnon bovidé au seul bœuf (merveilleux Stéphane Varupenne) de la petite exploitation.

Les parents partis, les deux jeunes sœurs, Delphine (lumineuse Elsa Lepoivre) et Marinette (fascinante Véronique Vella) s’éveillent. Elles conversent  avec le chat (matois Michel Favory), qui leur sert de compagnon de fortune, et jouent dans la cour.
Tout est calme, quand, à l’horizon, un magnifique animal pointe son nez. C’est un sublime et élégant cerf (royal Elliot Jenicot). Poursuivi par des chiens féroces, il se précipite aux alentours de la ferme pour demander asile aux deux fillettes. Généreuses, le cœur sur la main, elles l’invitent à se réfugier dans leur chambre. A l’arrivée de l’éclaireur de la meute canine, un certain Pataud (excellent Jérôme Pouly), vêtu de cuir noir, rappelant par trop les uniformes de la Gestapo, la mine sévère, Delphine et Marinette n’en mènent pas large, mais leur bienveillance et leur gentillesse détournent les soupçons et rangent le cruel animal de leur côté. Commence alors pour le cerf et le chien, une nouvelle vie. L’un va tenter de s’adapter à la servitude des animaux de ferme et se lier d’amitié avec le bœuf, l’autre va perdre tout penchant pour la méchanceté de sa charge et rêver d’une vie plus paisible à la ferme.

En s’inspirant d’une célèbre fable de Jean de La Fontaine sur les bienfaits et les mérites de la liberté, versus asservissement, Marcel Aymé, de sa plume ciselée et enlevée, dessine un monde doucereux, tendre, où la dureté de la vie ne doit pas faire oublier la compassion et la tolérance. Dans le climat social actuel, particulièrement tendu et crispé, ce conte pour les enfants de 7 à 77 ans est une véritable bouffée d’oxygène qui réchauffe les cœurs et ravive nos bons sentiments.
Espiègle, Véronique Vella adapte avec beaucoup de délicatesse et de facétie ce nouvel opus des Contes du chat perché. Elle donne à chaque personnage sa part de lumière et souligne sa personnalité sans compromission. Brossant une galerie savoureuse de portraits animaliers, la comédienne s’amuse des idées reçues et des préjugés. Avec une bonne humeur communicative et un sens de la joyeuseté, elle prêche pour un monde de liberté où chacun évolue en fonction de ses affinités, de ses envies, de ses convictions profondes. Ainsi, rien de plus naturel au fait qu’un chien méchant s’adoucisse et quitte sa meute pour une existence plus paisible, qu’un cerf habitué des grands espaces préfère la liberté, quitte à en mourir, plutôt qu’une vie de serf, et qu’un bœuf un peu gauche se sente plus à l’aise dans la chaleur d’une étable familière que dans un bois inconnu et sombre.
Entonnant de belles ritournelles propices aux rêves d’enfants, la troupe du Français s’en donne à cœur joie. Cécile Brune est parfaite en mère bougonne et austère, et s’accorde à merveille avec Alain Lenglet, qui campe son mari rude et grognon. Jérôme Pouly est aussi inquiétant et menaçant en chien gestapiste qu’il est bonne pâte en cabot de ferme tendrement cajolé par les deux fillettes. Stéphane Varupenne est parfait en bœuf, un peu lourdaud et pas très éveillé. La tête rentrées dans les épaules, il dégage une bonhommie hilarante, une balourdise séduisante. Elliot Jenicot se glisse avec aisance dans la peau du cerf, ce fier animal. Entre allure noble et attitude rock, il charme tout autant les deux sœurs que l’auditoire. Michel Favory ronronne avec grâce et malice. Enfin, Elsa Lepoivre, plus éthérée, et Véronique Vella, plus terre à terre, incarnent avec beaucoup d’amusement ses deux sœurs complices.

 A la veille des fêtes de Noël, n'hésitez pas à pousser seul, à deux, ou en famille, les portes du Studio de la Comédie Française : vous serez enchanté par cette fable humaine, entre rires et larmes.

Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Informations pratiques
Le Cerf et le chien de Marcel Aymé
mise en scène Véronique Vella
 avec Véronique Vella Michel Favory, Cécile Brune, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Elsa Lepoivre, Stéphane Varupenne, Elliot Jenicot 

jusqu’au 8 janvier 2017
du mercredi au dimanche 18h30
durée 1h

Lieu
Studio de la Comédie Française
Carrousel du Louvre
99, rue de Rivoli
75001 Paris

Comment y aller ?
métro Palais royal- Musée du Louvre ligne 1 (accès direct à la galerie du Carrousel)
Bus 21, 27, 39, 48, 67, 68, 69, 81, 95
Parkings Carrousel du Louvre, entrée av. du Général-Lemonnier (accès direct à la galerie du Carrousel)

Réserver ? 
Location 01 44 58 98 58
du mercredi au dimanche de 14h à 17h
Fax location 01 42 60 35 65
site internet de la Comédie Française - réservation

crédit photo : © Simon Gosselin, coll. Comédie-Française.