Quand il écrit cette première version inachevée de Faust, Goethe, alors jeune poéte, y dépeint sans complaisance, avec un cynisme froid, lucide, l’humanité dans toute sa noirceur, toute sa crédulité face à un Méphisto diablement manipulateur. Si Gilles Bouillon nous perd dans des ellipses maladroites, les comédiens, tous excellents, nous emportent dans le tourbillon mortifère de cette fable sombre et radicale.

Tout est noir, les murs et le sable au sol, quand on pénètre dans l’antre de Faust (doux et ténébreux Frédéric Cherboeuf). Professeur à l’université, il y entasse vieux livres, objets étranges et crânes humains, comme autant de vanités venant flatter son égo. Homme de science, il théorise à tout-va sur l’existence ou non de dieu, sur la condition des hommes et sur la place de l’âme. Dans ses rêveries philosophiques, un étrange personnage, sorte de double burlesque de lui-même, un Méphisto (pantomimique Vincent Berger) tout en tromperie et diablerie, vient chatouiller ses envies de vivre libre sans entraves loin de son poussiéreux bureau.
Très vite entre les deux compères, un étonnant pacte est signé à l’insu du premier. Faust, ferré par l’envoyé du diable, peut tout exiger, tout demander à ce dernier. Il oublie que pour tout service, il y a un prix à payer, ici en l’occurrence son âme. Loin de ses certitudes et de son monde universitaire, Faust devient primesautier et s’amourache d’une jolie et bien sage donzelle, qui répond au doux nom de Marguerite (ardente Marie Kauffmann). Jeune fille douce et naïve, croyante, elle va se laisser berner par la passion amoureuse et tomber dans le terrible et mortel piège de Méphisto. Quand les deux amoureux comprendront qu’ils se sont fait abuser par le diable, il sera trop tard pour sauver leur vie, leur âme.
Très vite entre les deux compères, un étonnant pacte est signé à l’insu du premier. Faust, ferré par l’envoyé du diable, peut tout exiger, tout demander à ce dernier. Il oublie que pour tout service, il y a un prix à payer, ici en l’occurrence son âme. Loin de ses certitudes et de son monde universitaire, Faust devient primesautier et s’amourache d’une jolie et bien sage donzelle, qui répond au doux nom de Marguerite (ardente Marie Kauffmann). Jeune fille douce et naïve, croyante, elle va se laisser berner par la passion amoureuse et tomber dans le terrible et mortel piège de Méphisto. Quand les deux amoureux comprendront qu’ils se sont fait abuser par le diable, il sera trop tard pour sauver leur vie, leur âme.

Traduite par Jean Lacoste et Jacques Le rider, l’œuvre de jeunesse de Goethe semble rajeunie et prendre vie sous nous yeux. Les mots sonnent plus contemporains et résonnent avec plus de justesse dans nos quotidiens affairés. Enchaînant à un rythme effréné les saynètes rapides au style direct et radical, cette version première de Faust n’a pas sa force métaphysique, mais est riche d’envolées poétiques qui fascinent et enchantent par leur puissance brute.
Loin d’en dénaturer la fraîche noirceur, Gilles Bouillon en souligne la beauté, l’élégance en prenant le parti d’un décor sobre et onirique, imaginé par la talentueuse Nathalie Holt, afin que seul le texte nous saisisse, nous transcende. C’est plutôt réussi aux détails prés des enchaînements. En jouant sur le côté fragmentaire et inachevé de l’œuvre, il nous perd d’une scène à l’autre, préférant les ellipses tarabiscotées à une lecture plus fluide et plus compréhensibles. Il laisse s’évader nos esprits vers d’autres lieux, d’autres contrées, que le jeu intense des comédiens rattrape heureusement au vol.
Loin d’en dénaturer la fraîche noirceur, Gilles Bouillon en souligne la beauté, l’élégance en prenant le parti d’un décor sobre et onirique, imaginé par la talentueuse Nathalie Holt, afin que seul le texte nous saisisse, nous transcende. C’est plutôt réussi aux détails prés des enchaînements. En jouant sur le côté fragmentaire et inachevé de l’œuvre, il nous perd d’une scène à l’autre, préférant les ellipses tarabiscotées à une lecture plus fluide et plus compréhensibles. Il laisse s’évader nos esprits vers d’autres lieux, d’autres contrées, que le jeu intense des comédiens rattrape heureusement au vol.

En effet, pour donner vie à cette fable noire, Gilles Bouillon s’est entouré d’une troupe au cordeau. Frédéric Cherboeuf est un fascinant Faust. Touchant, cynique, il est ce savant passionné étonnement immature. Vibrant, il brûle d’une flamme intérieure qui le dévore un peu plus à chaque instant et l’entraîne aux portes de l’enfer. Vincent Berger est un séduisant et clownesque Méphisto. Sensuel, charnel voire sexuel, il est tour à tour inquiétant, manipulateur et terriblement troublant. Drôle, amusant, il entraîne avec maestria ses victimes à perdre leurs âmes. Marie Kauffmann est une émouvante Marguerite. La voix tremblante, étonnement grave, le pas peu assuré, la tournure sobre et élégante, elle est cette jeune fille innocente et lumineuse emportée par les tourments mortifères de la passion. Poignante, elle nous entraîne dans son sillage, dans sa chute, bouleversante. Le reste de la distribution est au diapason, à noter la présence de Juliette Poissonnier, toujours aussi épatante.
Si parfois, on se perd dans la complexité de l’œuvre et dans des coupes singulières, même si on aurait aimé une pièce plus resserrée, plus lisible, on se laisse happer par ce conte philosophique d’une rare lucidité sur la nature humaine. Un spectacle à découvrir sans tarder !
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Si parfois, on se perd dans la complexité de l’œuvre et dans des coupes singulières, même si on aurait aimé une pièce plus resserrée, plus lisible, on se laisse happer par ce conte philosophique d’une rare lucidité sur la nature humaine. Un spectacle à découvrir sans tarder !
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations Pratiques :
Urfaust de Goethe
Jusqu’au 5 février 2017
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
(durée 1h50)
Générique :
mise en scène Gilles Bouillon assité d’Albane Aubry et d’Etienne Durot
traduction Jean Lacoste
avec Frédéric Cherboeuf, Vincent Berger, Marie Kauffmann, Juliette Poissonnier, Etienne Durot, Baptiste Chabauty
dramaturgie de Bernard Pico
scénographie de Nathalie Holt
lumières de Marc Delamézière
musique d’Alain Bruel
costumes d’Hélène Kritikos
vidéo d’Arthur Colignon
maquillages et coiffures d’Eva Gorszczyk
peinture et sculpture Thierry Dalat
fabrication des costumes : Anne Versel et Martine Houseaux
Lieu :
Théâtre de la tempête – salle Copi
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Comment y aller ?
En métro
Station Château-de-Vincennes. Sortir en tête de ligne puis prendre :
• la navette Cartoucherie garée près de la station de taxis (départ toutes les quinze minutes environ, premier voyage 1 h avant le début du spectacle)
• ou le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture
À partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche. Entrée parking Cartoucherie, 2e portail sur la gauche.
En vélo
Prendre la piste cyclable de l'avenue Daumesnil puis, au niveau de l'esplanade du Château de Vincennes, la piste longeant la route de la Pyramide (stations Vélib' face aux deux entrées du Parc floral) ; au rond-point, prendre à gauche jusqu'à l'entrée Cartoucherie.
Réserver :
• par téléphone : 01 43 28 36 36
du mardi au vendredi de 11h30 à 13h et de 14h à 18h30
les samedi de 14h à 18h
• sur la billetterie en ligne en ligne du théâtre de la tempête
Crédit photos : © Antonia Bozzi
Urfaust de Goethe
Jusqu’au 5 février 2017
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
(durée 1h50)
Générique :
mise en scène Gilles Bouillon assité d’Albane Aubry et d’Etienne Durot
traduction Jean Lacoste
avec Frédéric Cherboeuf, Vincent Berger, Marie Kauffmann, Juliette Poissonnier, Etienne Durot, Baptiste Chabauty
dramaturgie de Bernard Pico
scénographie de Nathalie Holt
lumières de Marc Delamézière
musique d’Alain Bruel
costumes d’Hélène Kritikos
vidéo d’Arthur Colignon
maquillages et coiffures d’Eva Gorszczyk
peinture et sculpture Thierry Dalat
fabrication des costumes : Anne Versel et Martine Houseaux
Lieu :
Théâtre de la tempête – salle Copi
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Comment y aller ?
En métro
Station Château-de-Vincennes. Sortir en tête de ligne puis prendre :
• la navette Cartoucherie garée près de la station de taxis (départ toutes les quinze minutes environ, premier voyage 1 h avant le début du spectacle)
• ou le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture
À partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche. Entrée parking Cartoucherie, 2e portail sur la gauche.
En vélo
Prendre la piste cyclable de l'avenue Daumesnil puis, au niveau de l'esplanade du Château de Vincennes, la piste longeant la route de la Pyramide (stations Vélib' face aux deux entrées du Parc floral) ; au rond-point, prendre à gauche jusqu'à l'entrée Cartoucherie.
Réserver :
• par téléphone : 01 43 28 36 36
du mardi au vendredi de 11h30 à 13h et de 14h à 18h30
les samedi de 14h à 18h
• sur la billetterie en ligne en ligne du théâtre de la tempête
Crédit photos : © Antonia Bozzi
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore