La soirée entre voisins s’annonce des plus réussies, alcool et musique à gogo. Très vite, derrière les façades si semblables, si proprettes, d’un lotissement de la banlieue londonienne, les frustrations, les jalousies, les aigreurs, vont faire voler en éclats les masques, révéler les fêlures de chacun. De sa plume trempée dans du vitriol, Mike Leigh signe une satire mordante et hilarante de la classe moyenne anglaise des années 1970 que la mise en scène haute en couleurs criardes de Thierry Harcourt souligne avec malice. Une « party so seventies » à ne pas rater.

Dans un décor clinquant et bariolé - les oranges, les marrons et les verts criards très à la mode il y a plus de 40 ans, nous brûlent la rétine – , une femme très apprêtée, très maquillée, portant perruque rouge et tenue de soirée violette à paillettes, s’exerce à prendre la pose entre deux pas de danse. C’est Beverly (Lara Suyeux, exaspérante à souhait), la maîtresse de maison. Elle attend Peter (exaspéré et éreinté Dimitri Rataud), son mari, et se prépare à recevoir quelques voisins. D’un côté, les nouveaux venus dans le quartier, Angela (Alexie Ribes, sexy en diable) et Tony (enthousiaste Cédric Carlier), de l’autre, Suzanne (épatante et désabusée Séverine Vincent), la plus ancienne du lotissement, qui, le temps d’une soirée, laisse sa maison à sa fille de 15 ans, Abigail, pour qu’elle organise une "boum" surprise avec ses copains.
Les invités ne sont pas encore arrivés, et déjà, les premières fissures apparaissent dans l’image idéale de ce foyer aisé de la banlieue londonienne. Couple parfait en apparence, les Moses se déchirent pour la moindre broutille. Lui rêve de repos après une journée harassante de boulot. Elle, esthéticienne à ses heures perdues, sans enfant, exige toujours plus et râle du manque d’entrain de son époux. Mariés depuis à peine trois ans, ils ressentent déjà les premiers effets de la routine, du désamour.
Les invités ne sont pas encore arrivés, et déjà, les premières fissures apparaissent dans l’image idéale de ce foyer aisé de la banlieue londonienne. Couple parfait en apparence, les Moses se déchirent pour la moindre broutille. Lui rêve de repos après une journée harassante de boulot. Elle, esthéticienne à ses heures perdues, sans enfant, exige toujours plus et râle du manque d’entrain de son époux. Mariés depuis à peine trois ans, ils ressentent déjà les premiers effets de la routine, du désamour.

Alors que l’atmosphère est électrique, étouffante, tout change quand la sonnerie de la porte d’entrée retentit. En un clin d’œil, les deux époux changent l’expression de leur visage et font bonne figure à leurs nouveaux voisins. Enjouée, même si le trait est forcé, Beverly sert verre sur verre. Absent, Peter exécute sans broncher les ordres de sa femme. Le gin et le bloody Mary, avec glace et citron, coulent à flots. Pourtant, malgré l’alcool, une certaine gêne demeure entre les convives. Les piques, les maladresses incessantes de cette furie rousse, ses phrases toutes faites, ses préjugés sur les gens, mettent tout le monde mal à l’aise et agacent Peter et Suzanne, cibles toutes désignées de sa vindicte.
Rapidement, la soirée vire au règlement de comptes. Les coups bas et les répliques acerbes fusent. Les masques tombent, révélant les failles de chacun, leurs blessures secrètes. Rien ni personne ne sera épargné dans ce jeu de massacre hilarant et cauchemardesque. De son œil lucide et acéré sur la société anglaise, Mike Leigh brosse un portrait à l’acide de cette classe moyenne, partagée entre origines modestes et rêves de grandeur. Il décortique avec une précision toute chirurgicale, ces liens sociaux factices manquant cruellement d’authenticité. Il se délecte de ce carnage et en tire une farce noire, désopilante.
Loin d’en émousser les contours tranchants, mordants, Thierry Harcourt, à qui l’on doit notamment l’excellent The Servant de Robin Maugham, les aiguise, en souligne l’âpreté cinglante. En exagérant le style "seventies" et les traits caricaturaux des personnages, il signe un huis-clos grinçant, assassin, et terriblement drôle. Sur-jeu, absence voulue de naturel, donnent à l’ensemble un côté "soap opéra" absolument déléctable. Un vrai régal pour nos zygomatiques.
Rapidement, la soirée vire au règlement de comptes. Les coups bas et les répliques acerbes fusent. Les masques tombent, révélant les failles de chacun, leurs blessures secrètes. Rien ni personne ne sera épargné dans ce jeu de massacre hilarant et cauchemardesque. De son œil lucide et acéré sur la société anglaise, Mike Leigh brosse un portrait à l’acide de cette classe moyenne, partagée entre origines modestes et rêves de grandeur. Il décortique avec une précision toute chirurgicale, ces liens sociaux factices manquant cruellement d’authenticité. Il se délecte de ce carnage et en tire une farce noire, désopilante.
Loin d’en émousser les contours tranchants, mordants, Thierry Harcourt, à qui l’on doit notamment l’excellent The Servant de Robin Maugham, les aiguise, en souligne l’âpreté cinglante. En exagérant le style "seventies" et les traits caricaturaux des personnages, il signe un huis-clos grinçant, assassin, et terriblement drôle. Sur-jeu, absence voulue de naturel, donnent à l’ensemble un côté "soap opéra" absolument déléctable. Un vrai régal pour nos zygomatiques.

Dans cette valse surannée et surfaite des frustrés, chaque comédien est parfaitement à sa place. Lara Suyeux est une mégère odieuse, antipathique, crispante à souhait, une véritable tête à claques qui met nos nerfs à rude épreuve. Dimitri Rataud se glisse avec facilité dans la peau de ce mari falot qui n’arrive plus à retenir sa rage haineuse. Cultivé, passionné d’art et de littérature, il a bien du mal à faire semblant, ne supportant plus l’inculture crasse et la bêtise de son épouse. Alexie Ribes, silhouette parfaitement moulée dans une combinaison au camaïeu de marrons, est excellente en blonde naïve. Pétillante, docile, elle est l’agneau heureux d’être mené à l’abattoir, qui se rebelle bien trop tard. Tout en muscles et épaules carrées, Cédric Carlier incarne à merveille le "beauf" désabusé. Ancien pilier éphémère d’un équipe de foot national, il rumine ses regrets et ses frustrations entre violence, et pulsion séductrice, voire sexuelle, au détriment de son épouse. Enfin, dernier pilier de ce quintette névrosé, Séverine Vincent est fascinante. Divorcée et élevant ses deux enfants du mieux possible, elle est le vilain petit canard du quartier, qui tente, malgré les attaques répétées de son hôte, de garder son naturel et son flegme. Toujours en retrait, silencieuse le plus souvent, elle exprime énervement et colère par l’expressivité éloquente de son visage. Elle nous séduit par son interprétation impeccable.
Loin des gentilles comédies à la française, laissez-vous charmer par cette farce "trash" et acidulée à l’humour anglais parfaitement dosé. Foncez les yeux fermés aux Poche-Montparnasse, rires et larmes garantis.
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Loin des gentilles comédies à la française, laissez-vous charmer par cette farce "trash" et acidulée à l’humour anglais parfaitement dosé. Foncez les yeux fermés aux Poche-Montparnasse, rires et larmes garantis.
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Abigail’s party de Mike Leigh
à partir du 31 janvier 2017
du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h
Durée 1h25
Générique :
Adaptation de Gérald Sibleyras
Mise en scène de Thierry Harcourt assisté de Stéphanie Froeliger
Avec Cédric Carlier, Dimitri Rataud, Alexie Ribes, Lara Suyeux et Séverine Vincent
Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz
Décor et accessoires de Marius Strasser
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Son de Camille Urvoy
Maquillages et perruque de Catherine Saint-Sever
Lieu :
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Comment y aller ?
Métro lignes 4, 6, 12, 13 (Montparnasse-Bienvenüe), sortie n°5 Boulevard du Montparnasse
Bus 96, 95, 94, 92, 91, 89, 82, 58
Parking sous la tour Montparnasse, parking FNAC rue de Rennes
Taxi station place du 18 juin
Réserver :
Par téléphone : 01 45 44 50 21 - Tous les jours de 14h à 18h
Par internet : sur le site dédié du théâtre du Poche-Montparnasse
crédit photos : © Fabien Dumas
Abigail’s party de Mike Leigh
à partir du 31 janvier 2017
du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h
Durée 1h25
Générique :
Adaptation de Gérald Sibleyras
Mise en scène de Thierry Harcourt assisté de Stéphanie Froeliger
Avec Cédric Carlier, Dimitri Rataud, Alexie Ribes, Lara Suyeux et Séverine Vincent
Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz
Décor et accessoires de Marius Strasser
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Son de Camille Urvoy
Maquillages et perruque de Catherine Saint-Sever
Lieu :
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Comment y aller ?
Métro lignes 4, 6, 12, 13 (Montparnasse-Bienvenüe), sortie n°5 Boulevard du Montparnasse
Bus 96, 95, 94, 92, 91, 89, 82, 58
Parking sous la tour Montparnasse, parking FNAC rue de Rennes
Taxi station place du 18 juin
Réserver :
Par téléphone : 01 45 44 50 21 - Tous les jours de 14h à 18h
Par internet : sur le site dédié du théâtre du Poche-Montparnasse
crédit photos : © Fabien Dumas
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore