Les mots frappent, cognent, fissurant le masque aimable et souriant d’une humanité pourrie par l’avidité, la convoitise. Ils révèlent la noirceur de l’âme, transformant le bon vivant, le philanthrope, en un hargneux et rugueux misanthrope. Soulignée par la mise en scène sobre et moderne de Cyril le Grix et l’interprétation étincelante de Patrick Catalifo, cette pièce peu connue du répertoire de William Shakespeare résonne étrangement dans nos consciences, tant elle fait écho à l’actualité. Une belle réussite !

Côté cour, un orchestre apparaît. De leurs instruments s'envolent des notes « jazzy » qui rompent le silence. Du fond de la scène vide apparaît une silhouette masculine, longiligne. Dégingandée, elle approche du micro qui trône au centre du plateau. De sa voix rauque, le jeune homme entonne une étrange litanie rythmée par la musique « live ». Interloqué, par ce curieux et dérangeant prologue, on se demande bien dans quel guet-apens nous sommes tombés. Rapidement, tout s’arrête. Le surprenant chanteur disparaît laissant derrière lui un espace vide, l’immense entrée d’une demeure athénienne délimitée par des murs de marbre noir, celle du riche et généreux Timon (époustouflant Patrick Catalifo).
Comme tous les jours, l’heureux homme reçoit un flot de visiteurs, de quémandeurs, de sangsues qui vivent à ses crochets. Peintres, poètes, orfèvres, tous se pressent pour présenter leur dernière création au prodigue Timon. Flatteurs, caressants, ils essayent de lui extorquer encore un peu plus de sous, de lui vendre quelques babioles, quelques tableaux, quelques vers. Le bal des pique-assiettes ne s’arrête pas là. Une fois les artistes rassasiés d’or, c’est autour des amis de venir faire bombance auprès de l’homme qu’on dit le plus riche d’Athènes. On ne sait jamais : il pourrait, dans sa prodigieuse générosité, vous offrir quelques bourses, quelques chevaux de course ou bien d’autres choses encore.
Comme tous les jours, l’heureux homme reçoit un flot de visiteurs, de quémandeurs, de sangsues qui vivent à ses crochets. Peintres, poètes, orfèvres, tous se pressent pour présenter leur dernière création au prodigue Timon. Flatteurs, caressants, ils essayent de lui extorquer encore un peu plus de sous, de lui vendre quelques babioles, quelques tableaux, quelques vers. Le bal des pique-assiettes ne s’arrête pas là. Une fois les artistes rassasiés d’or, c’est autour des amis de venir faire bombance auprès de l’homme qu’on dit le plus riche d’Athènes. On ne sait jamais : il pourrait, dans sa prodigieuse générosité, vous offrir quelques bourses, quelques chevaux de course ou bien d’autres choses encore.

Croyant en la bonté de l’âme humaine, il donne sans compter. Dispendieux, candide, malgré les avertissements et remontrances de son intendant (épatant Xavier Bazin), il puise chaque jour, chaque heure, chaque minute, un peu plus ses caisses, jusqu’à les vider. Les créances gonflent, la ruine le guette. Afin d’éviter la banqueroute, il demande de l’aide à ses prétendus amis. Tous lui tourneront le dos, inventant mille excuses toutes plus drôles ou pathétiques les unes que les autres. Les masques enfin tombés, blessé par la noirceur de l’âme humaine, haïssant à jamais ses congénères, Timon, dans un dernier éclat, brûle sa magnifique villa, quitte la cité et, pour finir sa vie, s'installe sur une grève isolée, aride, balayée par les vents.
De sa plume satirique, William Shakespeare s’attaque au pouvoir et à l’argent. Il en dépeint les vices, mettant en pleine lumière les pires travers de l’homme, l’avidité, l’avarice, la convoitise et la cupidité. Avec malice, il brosse un portrait sombre d’une société gangrénée par la finance, la politique et l’argent. Loin d’une mise en scène empesée et baroque, Cyril Le Grix a préféré la sobriété et le minimalisme, s’appuyant surtout sur le jeu éblouissant de son comédien, Patrick Catalifo. En s’appropriant cette pièce, rarement montée, du dramaturge anglais, petite sœur oubliée du Roi Lear, il en révèle toute la modernité et montre à quel point son propos résonne étrangement dans notre actualité pré-électorale. Malheureusement presque uniquement concentré sur son personnage principal, il en néglige les autres rôles. En roue libre, certains comédiens, moins expérimentés que d’autres, perdent pied. Il en est de même pour une scène de banquet dansée, inutile, qui tombe à plat, faute d’un vrai travail chorégraphique.
De sa plume satirique, William Shakespeare s’attaque au pouvoir et à l’argent. Il en dépeint les vices, mettant en pleine lumière les pires travers de l’homme, l’avidité, l’avarice, la convoitise et la cupidité. Avec malice, il brosse un portrait sombre d’une société gangrénée par la finance, la politique et l’argent. Loin d’une mise en scène empesée et baroque, Cyril Le Grix a préféré la sobriété et le minimalisme, s’appuyant surtout sur le jeu éblouissant de son comédien, Patrick Catalifo. En s’appropriant cette pièce, rarement montée, du dramaturge anglais, petite sœur oubliée du Roi Lear, il en révèle toute la modernité et montre à quel point son propos résonne étrangement dans notre actualité pré-électorale. Malheureusement presque uniquement concentré sur son personnage principal, il en néglige les autres rôles. En roue libre, certains comédiens, moins expérimentés que d’autres, perdent pied. Il en est de même pour une scène de banquet dansée, inutile, qui tombe à plat, faute d’un vrai travail chorégraphique.

Ne boudons pas pour autant notre plaisir. Ce ne sont que de menus détails, tant Patrick Catalifo prend tout l’espace, toute la lumière. Magistral, éclatant, il brille en homme généreux, en mécène de cœur, et explose en atrabilaire aigri. Faisant oublier les faiblesses d’une mise en scène bancale, mais malgré tout ingénieuse, il navigue comme un poisson dans l’eau dans la magnifique scénographie imaginée par Cyril Le Grix. Un seul conseil, courez voir ce comédien inclassable, majestueux, et goûtez aux délices doux-amers de ce caustique et percutant Timon d’Athènes.
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Timon d’Athènes de William Shakespeare
Jusqu’au 2 avril 2017
Du mardi au Samedi 20 h au dimanche 16 h
Durée 1h50
Générique :
mise en scène de Cyril le Grix assisté d’Emilie Delbée
traduction de Jean-Claude Carrière (éditions Centre International de Création Théâtrale)
avec Patrick Catalifo, Xavier Bazin, Jean-Pierre Bernard, Philippe Catoire, Thibault Corrion, Thomas Dewynter, Maud Imbert, Jérôme Keen, Alexandre Mousset, Carole Schaal
scénographie de Cyril Le Grix
lumières de Carole Vanbellegem
chorégraphie d’Émilie Delbée
dramaturgie d’Adeline Picault
production La Torche ardente Cie
et avec la participation artistique du studio d'Asnières - ESCA Aksel Carrez : Ghislain Declety, Valentin Fruitier, Thomas Harel et Jérémy Hoffman-Karp
avec les musiciens Karim Touré, Florent Hinschberger et Jon Lopez De Vicuna
Lieu :
Théâtre de la Tempête – La Cartoucherie
Avenue des champs de Manœuvres
75012 Paris
Comment y aller ?
En métro
Station Château-de-Vincennes. Sortir en tête de ligne puis prendre :
• la navette Cartoucherie garée près de la station de taxis (départ toutes les quinze minutes environ, premier voyage 1 h avant le début du spectacle)
• ou le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture
À partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche. Entrée parking Cartoucherie, 2e portail sur la gauche.
En vélo
Prendre la piste cyclable de l'avenue Daumesnil puis, au niveau de l'esplanade du Château de Vincennes, la piste longeant la route de la Pyramide (stations Vélib' face aux deux entrées du Parc floral) ; au rond-point, prendre à gauche jusqu'à l'entrée Cartoucherie.
Réserver :
• par téléphone : 01 43 28 36 36
du mardi au vendredi de 11h30 à 13h et de 14h à 18h30
les samedi de 14h à 18h
• sur la billetterie en ligne en ligne du théâtre de la tempête
crédit photos : © Antonia Bozzi
Timon d’Athènes de William Shakespeare
Jusqu’au 2 avril 2017
Du mardi au Samedi 20 h au dimanche 16 h
Durée 1h50
Générique :
mise en scène de Cyril le Grix assisté d’Emilie Delbée
traduction de Jean-Claude Carrière (éditions Centre International de Création Théâtrale)
avec Patrick Catalifo, Xavier Bazin, Jean-Pierre Bernard, Philippe Catoire, Thibault Corrion, Thomas Dewynter, Maud Imbert, Jérôme Keen, Alexandre Mousset, Carole Schaal
scénographie de Cyril Le Grix
lumières de Carole Vanbellegem
chorégraphie d’Émilie Delbée
dramaturgie d’Adeline Picault
production La Torche ardente Cie
et avec la participation artistique du studio d'Asnières - ESCA Aksel Carrez : Ghislain Declety, Valentin Fruitier, Thomas Harel et Jérémy Hoffman-Karp
avec les musiciens Karim Touré, Florent Hinschberger et Jon Lopez De Vicuna
Lieu :
Théâtre de la Tempête – La Cartoucherie
Avenue des champs de Manœuvres
75012 Paris
Comment y aller ?
En métro
Station Château-de-Vincennes. Sortir en tête de ligne puis prendre :
• la navette Cartoucherie garée près de la station de taxis (départ toutes les quinze minutes environ, premier voyage 1 h avant le début du spectacle)
• ou le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture
À partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche. Entrée parking Cartoucherie, 2e portail sur la gauche.
En vélo
Prendre la piste cyclable de l'avenue Daumesnil puis, au niveau de l'esplanade du Château de Vincennes, la piste longeant la route de la Pyramide (stations Vélib' face aux deux entrées du Parc floral) ; au rond-point, prendre à gauche jusqu'à l'entrée Cartoucherie.
Réserver :
• par téléphone : 01 43 28 36 36
du mardi au vendredi de 11h30 à 13h et de 14h à 18h30
les samedi de 14h à 18h
• sur la billetterie en ligne en ligne du théâtre de la tempête
crédit photos : © Antonia Bozzi
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore