Face à la perte d’un proche parti beaucoup trop tôt, chacun réagit comme il le peut pour supporter l’intolérable, le vide, l’absence. En s’attaquant au deuil sans tabou et avec auto-dérision, Isabelle Jeanbrau signe une pièce percutante, burlesque et irrésistiblement drôle. Loin du politiquement correct, elle dresse le portrait pittoresque et bigarré d’une famille dans le déni. Brillant !

Dans l’obscurité, le déclic d’un appareil photo résonne, un flash éclaire la scène fixant pour l’éternité une famille des plus banales sur pellicule : un père souriant entouré de ses deux espiègles enfants, une fille et un garçon. Une grand-mère, un brin ronchon, et un oncle distant, complète ce surprenant et incomplet tableau. Une personne manque, la mère de famille. Où est donc cette grande absente ? Elle se meurt des suites d’un cancer incurable dans la chambre d’à côté.
Malgré cette issue fatale tout semble continuer comme avant. Soucieux de préserver l’insouciance de ses enfants du drame, François (épatant Benjamin Egner) s’accroche tant bien que mal au quotidien. Homme très ordonné, il se rattache avec une frénésie inaccoutumée aux listes de courses, à ses fiches-menu, pour éviter de se noyer dans le chagrin, de sombrer. Face à lui, son inconsolable belle-mère (Cécile Magnet) qui ne comprend pas que l’on puisse rester aussi froid, aussi décalé face à la mort imminente de sa fille. Puis, il y a l’oncle impassible (sobre Thibaut Wacksmann), partagé entre douleur et anesthésie.
Malgré cette issue fatale tout semble continuer comme avant. Soucieux de préserver l’insouciance de ses enfants du drame, François (épatant Benjamin Egner) s’accroche tant bien que mal au quotidien. Homme très ordonné, il se rattache avec une frénésie inaccoutumée aux listes de courses, à ses fiches-menu, pour éviter de se noyer dans le chagrin, de sombrer. Face à lui, son inconsolable belle-mère (Cécile Magnet) qui ne comprend pas que l’on puisse rester aussi froid, aussi décalé face à la mort imminente de sa fille. Puis, il y a l’oncle impassible (sobre Thibaut Wacksmann), partagé entre douleur et anesthésie.

Vingt ans ont passé, Les cheveux sont devenus gris, les enfants ont bien grandi et rien ne change. Faute d’avoir été enterrée, l´urne funéraire de la défunte, telle une présence invisible, traîne quelque part dans la maison familiale, dans la cave ou derrière la lunette des toilettes, qui sait ? Devant cet état de fait, Diane (ardente Karine Huguenin) et Matthieu (lunaire Mathias Guallarano) décident de prendre les choses en main et d’offrir à leur mère une dernière demeure pour enfin pouvoir avancer.
Avec humour, de sa plume ciselée, drolatique, Isabelle Jeanbrau brosse le portrait d’une famille décalée, amputée d’un de ses membres fondateurs. Elle se délecte avec beaucoup d’autodérision de cette horrible expression « faire son deuil ». Elle s’amuse de ce déni familial, de cet incapacité à affronter la mort. Si tout commence par la volonté de protéger de jeunes enfants de la dure réalité, cette situation de confort, où l’absence intolérable de l’être devient par désarroi un sujet tu, tabou, s’englue dans la routine implacable du quotidien. Ainsi, l’absente devient omniprésente. Elle se cache dans les petites manies, les tocs, dans les tentatives maladroites de remplir le vide qu’elle a laissé derrière elle, dans les non-dits de conversations surréalistes.
Avec humour, de sa plume ciselée, drolatique, Isabelle Jeanbrau brosse le portrait d’une famille décalée, amputée d’un de ses membres fondateurs. Elle se délecte avec beaucoup d’autodérision de cette horrible expression « faire son deuil ». Elle s’amuse de ce déni familial, de cet incapacité à affronter la mort. Si tout commence par la volonté de protéger de jeunes enfants de la dure réalité, cette situation de confort, où l’absence intolérable de l’être devient par désarroi un sujet tu, tabou, s’englue dans la routine implacable du quotidien. Ainsi, l’absente devient omniprésente. Elle se cache dans les petites manies, les tocs, dans les tentatives maladroites de remplir le vide qu’elle a laissé derrière elle, dans les non-dits de conversations surréalistes.

La mise en scène virevoltante, rythmée par des intermèdes musicaux interprétés en « live » par deux musiciens et imaginée par Daniel Jea, souligne à merveille le jeu drolatique et azimuté des comédiens. Benjamin Egner est impeccable en père totalement perdu, incapable de faire face au décès de sa femme et obnubilé par la volonté jusqu’auboustiste de protéger la candeur de ses enfants. Cécile Magnet est impayable en grand-mère un brin tyrannique et dépassée. Karine Huguenin (en alternance avec Sandra Parra) est parfaite en fille incomprise, totalement ahurie par le déni familial. Matthias Guallarano est fascinant dans le rôle du fils, un peu bétâ qui se range derrière les avis de sa grande sœur plus dégourdie. Enfin, Thibaut Wacksmann est étonnant en frère oublié de la morte, en fils soumis à sa mère, incapable d’avoir sa propre opinion.
Loin de la lourdeur du sujet, on rit beaucoup tout au long de cette tragi-comédie loufoque et parfaitement exécutée. Si l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur notre propre relation à la mort, on se laisse totalement chavirer par ce Déni d’Anna. Unr gourmandise douce- amère hilarante à déguster au plus vite !
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Loin de la lourdeur du sujet, on rit beaucoup tout au long de cette tragi-comédie loufoque et parfaitement exécutée. Si l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur notre propre relation à la mort, on se laisse totalement chavirer par ce Déni d’Anna. Unr gourmandise douce- amère hilarante à déguster au plus vite !
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Le déni d’Anna de Isabelle Jeanbrau
jusqu'au 14 mai 2017
du mardi au samedi 21h et le dimanche 19 h
Durée 1h40
Générique :
mise en scène d’Isabelle Jeanbrau
musique composée et interprétée par Daniel Jea
avec Benjamin Egner, Karine Huguenin en alternance avec Sandra Parra, Matthias Guallarano, Cécile Magnet et Thibaut Wacksmann
guitare : Daniel Jea
batterie : France Cartigny ou Bertrand Noël ou Maxime Aubry
Lieu :
Théâtre du Lucernaire – Théâtre noir
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Comment y aller ?
métro Notre-Dame des Champs (ligne 12), Vavin (ligne 4) et Edgar Quinet (ligne 6)
Bus 58, 68, 82, 91, 94, 96
Réserver :
sur le site du théâtre du lucernaire
par téléphone au 01 45 44 57 34
Crédit photo 1 : © DR
Crédit photo 2 et 3 : © Yann GOUHIER
Le déni d’Anna de Isabelle Jeanbrau
jusqu'au 14 mai 2017
du mardi au samedi 21h et le dimanche 19 h
Durée 1h40
Générique :
mise en scène d’Isabelle Jeanbrau
musique composée et interprétée par Daniel Jea
avec Benjamin Egner, Karine Huguenin en alternance avec Sandra Parra, Matthias Guallarano, Cécile Magnet et Thibaut Wacksmann
guitare : Daniel Jea
batterie : France Cartigny ou Bertrand Noël ou Maxime Aubry
Lieu :
Théâtre du Lucernaire – Théâtre noir
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Comment y aller ?
métro Notre-Dame des Champs (ligne 12), Vavin (ligne 4) et Edgar Quinet (ligne 6)
Bus 58, 68, 82, 91, 94, 96
Réserver :
sur le site du théâtre du lucernaire
par téléphone au 01 45 44 57 34
Crédit photo 1 : © DR
Crédit photo 2 et 3 : © Yann GOUHIER
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore