Voix chaude, envoûtante, le ténébreux philosophe nous invite à un ensorcelant voyage au cœur des mots d’Albert Camus. Loin d’une simple lecture, il s’approprie le texte de l’écrivain, il lui insuffle une vie faite de nuances et de couleurs. Au fil des pages, le vent chaud du désert, le soleil brûlant d’Algérie semblent caresser nos peaux. Du grand art !

Silhouette longiligne de noir vêtue , tenant livre élimé, écorné à la main, Raphaël Enthoven se place au centre de l’espace. Il ouvre une page et de sa voix mélodieuse, entonne le magnifique texte qu’Albert Camus a écrit alors qu’il n’avait pas encore 25 ans. Très vite, nous quittons les sombres murs de la salle basse du théâtre de Poche Montparnasse pour les rues gorgées de soleil de Tipasa. On imagine les maisons aux murs blanchis à la chaux, les rues poussiéreuses de cette ville de bord de mer. 

On suit le jeune homme au gré de ses pérégrinations, quelles soient physiques ou imaginaires. On sent le soleil méditerranéen réchauffer nos peaux, éclairer d’une lumière étincelante, brûlante le sable chaud, la terre ocre. Parfois, le souffle du vent vient caresser nos visages. Puis viennent les interrogations sur la vie de Camus. Il questionne, puise dans la nature qui l’entoure, dans le regard des gens qu’il croise, dans l’insouciance de sa jeunesse afin d’essayer de comprendre le monde. Il se révolte contre l’absurdité du temps, des sentiments. Préférant les choses simples, il se gorge des petits plaisirs du quotidien. 
S’appropriant la prose poétique, aride de l’écrivain, Raphaël Enthoven en souligne l’élégance, la beauté. Il s’en nourrit pour mieux lui donner profondeur et puissance. Se laissant déborder par le texte, il se laisse porter par les mots qu’il connaît par cœur. Bouleversant, touchant, le jeune philosophe à la voix d’or charme et séduit un public conquis. Professeur dans l’âme, il conclut ce moment hors du temps par sa propre analyse de ce texte mythique, fondateur de la pensée camusienne. Il en donne une interprétation toute en nuances, toute en délicatesse. Amoureux de l’auteur et de son écriture, il force nos dernières résistances et nous fait l’aimer. Au-delà de Noces à Tipasa, il déclenche en nous l’envie de replonger, de dévorer l’œuvre du dramaturge. Fascinant !

Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Noces d’Albert Camus
Jusqu’au 28 juin 2017 
les lundis mardis et mercredi à 18h30
Durée 1h30

Générique : 
Lecture de Raphaël Enthoven

Lieu : 
Théâtre de Poche-Montparnasse
Boulevard du Montparnasse
75006 Paris

Comment y aller ? 
Métro lignes 4, 6, 12, 13 (Montparnasse-Bienvenüe), sortie n°5 Boulevard du Montparnasse
Bus 96, 95, 94, 92, 91, 89, 82, 58
Parking sous la tour Montparnasse, parking FNAC rue de Rennes
Taxi station place du 18 juin
 
Réserver : 
Par téléphone : 01 45 44 50 21 - Tous les jours de 14h à 18h
Par internet : sur le site dédié du théâtre du Poche-Montparnasse

 Crédit photo : Marie Stéphane Barthout