Tout en douceur et délicatesse, Angelin Preljocaj s’empare d’un conte chinois médiéval où fiction et réalité se mêlent avec une tendre et envoûtante malice. Dans un style des plus épurés, il signe un ballet magiquement lent et féeriquement hypnotique qui séduit autant les grands que les petits. Une fable dansée saisissante à voir en famille en ces fêtes de fin d’année.

Des volutes blanches, vaporeuses ondulent sur un écran noir transparent aux rythmes suaves et orientaux élaborés spécialement par Nicolas Godin, l’un de deux fondateurs du groupe Air. En fond de scène, un rectangle de lumière apparaît. Deux êtres rampent sur le sol. Deux voyageurs avancent contre vent et marée. Ils s’agrippent au sol avec grâce, leurs corps ondoient. Après cette lutte de haut vol contre les éléments que l’on imagine déchaînés, nos deux hères trouvent refuge dans un lieu de quiétude et s’endorment aux pieds de l’une des plus belles fresques que renferme ce temple. Fasciné par cette peinture, obsédé par l’une des jeunes filles qui y est représentée, l’un des deux damoiseaux, au gré des songes, passe de l’autre côté et pénètre dans la toile. Commence alors un rêve éveillé où le réel et l’imaginaire se mêlent avec une grâce infinie que l’amour transcende. 

S’appropriant le conte médiéval chinois, la peinture sur le mur, Angelin Preljocaj nous invite à un voyage immobile de toute beauté entre Europe et Asie. Départageant les espaces par d’astucieux jeux de lumière créés par Eric Soyer, le chorégraphe peint par touches délicates un ballet dépouillé où les arabesques, les pas de deux, la suavité des gestes, la douceur des mouvements hypnotisent. Si l’on peut être imperceptiblement déçu par le manque d’innovation de l’ensemble, dont certains tableaux ne sont pas sans rappeler d’autres œuvres du chorégraphe, tel son Blanche-Neige, très vite, on se laisse emporter par l’intense pureté de cette pièce tout en élégance et légèreté. 
La grande force de ce ballet épuré, qui plaît autant aux enfants qu’aux adultes, vient surtout de l’énergie dégagée par la troupe de dix danseurs. Totalement investis, ils volent, virevoltent, se cherchent et s’unissent dans une simplicité d’effets qui charme, ensorcèle. Les corps musculeux des hommes entrent en parfaite harmonie avec ceux fins, longilignes des danseuses, que les robes signées feu Azzedine Alaïa, soulignent magnifiquement. 

A l’occasion de ces fêtes de noël 2017, La Fresque d’Angelin Preljocaj, dont le manque d’audace est largement compensé par la beauté des tableaux et l’extrême sensibilité des pas chassés, est un parfait divertissement à apprécier en famille, une intéressante introduction à la danse pour les plus jeunes. Magique !

Informations pratiques : 
La Fresque d’Angelin Preljocaj d’après le conte traditionnel chinois La Peinture sur le mur 
Jusqu’au 22 décembre 2017
le vendredi 8 et le mardi 19 à 14h30
le dimanche 10, le samedi 16 et le dimanche 17 à 15h30
le jeudi 7, le jeudi 14, le jeudi 21 à 19h
le vendredi 8, le samedi 9, le mardi 12, le mercredi 13, le vendredi 15, le samedi 16, le mardi 19, le mercredi 20 et le vendredi 22 à 20h30
durée 1h20
Générique : 
chorégraphie d’Angelin Preljocaj
musique de Nicolas Godin
costumes d’Azzedine Alaïa
décors & vidéo de Constance Guisset Studio
lumières D’Eric Soyer
assistante répétitrice : Natalia Naidich
choréologue : Dany Lévêque
avec Mirea Delogu, Clara Freschel, Nuriya Nagimova, Anna Tatarova, Yurié Tsugawa, Marius Delcourt, Antoine Dubois, Víctor Mártinez Cáliz, Fran Sanchez, Jean-Charles Jousni / Leonardo Cremaschi

production ballet Preljocaj.
coproduction Grand Théâtre de Provence / Maison des arts de Créteil / Chaillot – Théâtre national de la danse/Théâtre de la Ville – Paris / Scène nationale d’Albi / National Taichung Theater (taïwan).
coréalisation Chaillot – Théâtre national de la danse/Théâtre de la Ville.

Lieu :
Chaillot – Théâtre national de la danse
Salle Jean Vilar
1, Place du Trocadéro
75016 Paris

Comment y aller ?
Métro Trocadéro (lignes 6 et 9)
Bus 22, 30, 32, 63, 72, 82

Pour Réserver :
par téléphone 01 53 65 30 00
par internet sur le  site de réservation Chaillot - Théâtre national de danse
Par courrier électronique : billetterie@theatre-chaillot.fr

 Crédit photos : © Jean-claude Carbonne