Les répliques fusent avec vivacité. Les quiproquos s’enchaînent avec une rapidité déconcertante. S’imprégnant des pièces de jeunesse de Feydeau, Thierry Harcourt nous invite avec malice à découvrir la plume juvénile et pétillante du maître du boulevard. Porté par de jeunes comédiens pétulants et fort talentueux, cet ensemble de saynètes enchante par sa vitalité hilarante, sa sincérité touchante.

Tout commence en chanson. De leurs voix frêles, fragiles, nos six comédiens en herbe, tout juste sortis du cours Florent, entonnent l’amour frais, courtois, celui qui ensorcèle, envoûte et chatouille nos émotions. Après cette fort jolie mise en bouche, on glisse tout en douceur dans le salon bourgeois de quelques Parisiennes bien en vue. Une jeune fille, (épatante Laurence Facelina) un brin coquette, attend fébrilement l’arrivée d’un maestro (dégingandé et désopilant Louis-Victor Turpin) qui vient lui apprendre à jouer correctement du piano, un atout majeur pour faire un beau et bon mariage. Mais, nous sommes chez Feydeau, et rien ne se passera comme prévu. 

Ensuite, c’est dans la salle à manger d’un avocat gauche (étonnant Sébastien Baulain) qu’une furie mexicaine (lumineuse Mathilde Hancisse) débarque et chamboule le quotidien. Cherchant à donner une leçon à son mari, persuadé qu'elle le trompe, elle a jeté son dévolu sur ce pauvre hère, que sa femme vient d’abandonner. Comme à son habitude, le maître du boulevard s’amuse des errances du couple, où la femme est une fausse ingénue et l’homme un falot, et fait mouche. Pour finir, le dramaturge s’intéresse avec tendresse et humour à la naissance de l’amour entre deux enfants (naïve Nina Poulsen et cabotin Basile Alaïmalaïs), un peu bêtas. 
Avec une facilité déconcertante et une justesse ciselée, Thierry Harcourt s’empare des pièces de jeunesse de Feydeau pour leur donner ce petit peps acidulé, cette énergie vivifiante qui séduit en toute simplicité. Si l’on perçoit le cynisme habituel de l’auteur de boulevard poindre en filigrane, ses premiers textes charment par leur fraîcheur, leur pétulance. S’il se moque comme à son habitude de l’amour conjugal, des petites manies de la bourgeoisie, il s’amuse surtout des quiproquos et des faux-semblants. 

Emporté par la mise en scène endiablée, bon enfant, bien que classique, de Thierry Harcourt, on est conquis par les présences scéniques de ces jeunes comédiens charismatiques et déjà remarquables. Ainsi, Feydeau(x) est une gourmandise savoureuse qui réchauffe les cœurs et détend, avec un plaisir non dissimulé, les zygomatiques. Désopilant ! 

Informations pratiques : 
Feydeau(x) inspiré de 3 pièces en un acte de Georges Feydeau
jusqu’au 21 janvier 2018
du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 17h
durée 1h10
Générique : 
mise en scène de Thierry Harcourt
avec, dans Amour et Piano, Laurence Facelina et en alternance Louis-Victor Turpin, Sébastien Baulain Ou Marc Maurille.
avec, dans Par la fenêtre, Mathilde Hancisse et en alternance Sébastien Baulain ou Marc Maurille.
avec, dans Fiancés en herbe, Nina Poulsen et en alternance Basile Alaïmalaïs ou Antoine Paulin.

Lieu :
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame des champs
75006 Paris

Comment y aller ?
métro Notre-Dame des Champs (ligne 12), Vavin (ligne 4) et Edgar Quinet (ligne 6)
Bus 58, 68, 82, 91, 94, 96

Réserver :
sur le site du théâtre du lucernaire
par téléphone au 01 45 44 57 34

Crédit photos : © Mirco Maglioca