Les répliques acerbes, drôles, assassines, fusent et claquent comme des fouets balles. Face à un immense tableau blanc, les émotions exacerbées, les rancœurs enfouies et les incompréhensions de plus en plus fréquentes vont mettre à mal une amitié de plus de 30 ans. Reprenant 25 ans après sa création la pièce culte de Yasmina Reza dans sa mise en scène originelle, le trio Darroussin, Fromager et Berling fait des étincelles.

Dans un salon blanc immaculé à la déco épurée, un homme vêtu de noir déambule. Aisé, l’élégant Serge (charismatique Alain Fromager) est dermatologue. Il vit seul depuis que sa femme a demandé le divorce, embarquant leurs deux enfants avec elle. À ses heures perdues, il se passionne pour l’art et la littérature. Amoureux de Sénèque et de la peinture conceptuelle, il vient de se procurer pour la modique somme de 30 000 euros un tableau entièrement blanc zébré de fines rayures dans la même tonalité de couleur.
Son meilleur ami, Marc (détonnant Charles Berling), un ingénieur sceptique et un brin trop rationnel, peu ouvert à l’art contemporain, vient à l’improviste, c'est l’occasion de lui montrer sa dernière acquisition. Incapable de déceler la moindre trace d’art dans cette œuvre ivoirine, ce dernier se gausse et se refuse à croire un seul instant que son pote de 30 ans, ait pu mettre ne serait ce qu’un kopeck dans cette « merde blanche ». Ce premier désaccord, sa virulence, ce qu’elle traduit pour l’un et l’autre de l’état de leur relation, est une égratignure au contrat qui pourrait bien sonner le glas de leur amitié.
Entre ces deux fortes têtes, Yvan (hilarant Jean-Pierre Darroussin), troisième larron de la bande, loser de première, vient ajouter son grain de sel à ce pugilat à la fois convivial et acerbe. Plus falot, moins tranché, il tente de ménager avec un tact ballot la chèvre et le chou, quitte à se prendre les piques mordantes des deux autres et finir par être leur bouc-émissaire. Chacun poussant l’autre dans ses retranchements, crescendo l’ambiance ce tend jusqu’à la confrontation cinglante, féroce et salvatrice.
Son meilleur ami, Marc (détonnant Charles Berling), un ingénieur sceptique et un brin trop rationnel, peu ouvert à l’art contemporain, vient à l’improviste, c'est l’occasion de lui montrer sa dernière acquisition. Incapable de déceler la moindre trace d’art dans cette œuvre ivoirine, ce dernier se gausse et se refuse à croire un seul instant que son pote de 30 ans, ait pu mettre ne serait ce qu’un kopeck dans cette « merde blanche ». Ce premier désaccord, sa virulence, ce qu’elle traduit pour l’un et l’autre de l’état de leur relation, est une égratignure au contrat qui pourrait bien sonner le glas de leur amitié.
Entre ces deux fortes têtes, Yvan (hilarant Jean-Pierre Darroussin), troisième larron de la bande, loser de première, vient ajouter son grain de sel à ce pugilat à la fois convivial et acerbe. Plus falot, moins tranché, il tente de ménager avec un tact ballot la chèvre et le chou, quitte à se prendre les piques mordantes des deux autres et finir par être leur bouc-émissaire. Chacun poussant l’autre dans ses retranchements, crescendo l’ambiance ce tend jusqu’à la confrontation cinglante, féroce et salvatrice.

Succès depuis sa création en 1994, traduit dans plus de 40 langues, la pièce culte de Yasmina Reza n’avait pas été jouée à Paris depuis plus de 20 ans. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que la foule se presse au théâtre Antoine. Il faut dire qu’il y a, dans Art, tous les ingrédients de la très bonne tragi-comédie, du boulevard intelligent et ciselé. De sa plume mordante, incisive, la dramaturge s’appuie sur les polémiques inhérentes à la naissance de tout nouveau courant artistique pour esquisser une satire enlevée des relations humaines, des rapports à l’autre, d’une certaine bourgeoisie intello. Souligné par la mise en scène particulièrement ingénieuse de Patrick Kerbrat, le texte toujours aussi juste résonne magnifiquement à nos oreilles, chaque réplique faisant mouche et déclenchant des salves de rires.
Pour cette reprise d’Art, il fallait une distribution particulièrement extraordinaire. Après Fabrice Luchini, Pierre Arditi et Pierre Vaneck, c’est au tour d’Alain Fromager, Jean-Pierre Darroussin et Charles Berling de se glisser avec finesse dans la peau de cette bande de potes au bord de la rupture. Et disons le tout net, ils y réussissent aisément. Alors oui, pour ceux qui ont eu la chance de voir la pièce à sa création, il y a un petit pincement au cœur, une nostalgie des premières fois qui finit par passer devant l’étonnant talent du nouveau trio de comédiens. Si tous excellents dans leur registre, on retient surtout la prestation singulière, exceptionnelle de Jean-Pierre Darroussin, qui nous offre avec un naturel confondant un festival de drôlerie et de pantomime.
Pour cette reprise d’Art, il fallait une distribution particulièrement extraordinaire. Après Fabrice Luchini, Pierre Arditi et Pierre Vaneck, c’est au tour d’Alain Fromager, Jean-Pierre Darroussin et Charles Berling de se glisser avec finesse dans la peau de cette bande de potes au bord de la rupture. Et disons le tout net, ils y réussissent aisément. Alors oui, pour ceux qui ont eu la chance de voir la pièce à sa création, il y a un petit pincement au cœur, une nostalgie des premières fois qui finit par passer devant l’étonnant talent du nouveau trio de comédiens. Si tous excellents dans leur registre, on retient surtout la prestation singulière, exceptionnelle de Jean-Pierre Darroussin, qui nous offre avec un naturel confondant un festival de drôlerie et de pantomime.

Courrez, volez, pédalez, Art est sans contexte l’un des spectacles à ne pas rater de cette rentrée théâtrale, une pièce qui défie les décennies avec brio, une gourmandise savoureuse à dévorer au plus vite.
Informations pratiques :
Art de Yasmina Reza
à partir du 30 janvier 2018
Du mardi au samedi à 21h, les samedis et dimanches à 16h
Durée 1h30 environ
Générique :
Mise en scène de Patrice Kerbrat assisté de Pauline Devinat
avec Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin et Alain Fromager
décor d’Edouard Laug
lumières de Laurent Béal
costumes de Caroline Martel
Lieu :
Théâtre Antoine
14, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Informations pratiques :
Art de Yasmina Reza
à partir du 30 janvier 2018
Du mardi au samedi à 21h, les samedis et dimanches à 16h
Durée 1h30 environ
Générique :
Mise en scène de Patrice Kerbrat assisté de Pauline Devinat
avec Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin et Alain Fromager
décor d’Edouard Laug
lumières de Laurent Béal
costumes de Caroline Martel
Lieu :
Théâtre Antoine
14, boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Réserver :
par téléphone au 01 42 08 77 71 du lundi au samedi de 11h à 19h, le dimanche de 11h à 17h
Au guichet : La billetterie du théâtre est ouverte du lundi au samedi de 11h à 19h et le dimanche de 12h à 17h
Par internet sur le site dédié du théâtre
Comment y aller ?
En métro : Descendre à la station Strasbourg - Saint-Denis (lignes 4, 8 ou 9) ou à la station Château d’eau (ligne 4).
En bus : Descendre à l'arrêt Porte Saint-Denis (lignes 20, 39) ou à l'arrêt Château d'eau (lignes 38, 39, 47)
Parking à proximité : le parking Sainte Apolline, 21 rue Sainte Apolline
Crédit photos : © Pascal Victor/ArtcomPress
Olivier Frégaville-Gratian d'Amore